La découverte hier de cette auto insolite m’a poussé à mener davantage de recherches. Grâce à la disponibilité et l’amabilité de son vendeur autrichien, je suis aujourd’hui en mesure de vous faire découvrir la 928 Clubsport en détails.
La Clubsport voit le jour en 1987. A cette époque, Porsche vient de lancer sa 911 Carrera 3.2 Clubsport, et l’enthousiasme des clients pousse le constructeur à exploiter le filon Clubsport plus avant. 7 prototypes seront construits cette même année, dont 4 seront réservés aux pilotes de l’usine: Derek Bell, Jochen Mass, Bob Wollek et Hans Stück.

Seulement 7 prototypes, cela semble bien peu dans l’optique de tester une nouvelle auto. Cependant, force est d’admettre que les changement apportés à la Clubsport, par rapport à une 928 S4 normale, sont loin d’être légion. Des arbres à cames un peu plus sportifs, ainsi que des valves d’un diamètre accru d’1mm sont les seuls raffinements apportés au V8 dont la puissance reste inchangée, à 320ch. Les dimensions des pneumatiques restent inchangées (225/50 à l’avant, 245/45 à l’arrière), tandis que les amortisseurs sont raffermis, associés à des ressorts courts à l’avant. Il n’y a guère de quoi parler d’une auto radicalement différente, ni même réellement plus sportive.

La Clubsport ne parvient à légitimer sont patronyme que grâce à un allègement significatif: l’essuie-glace arrière, le verrouillage centralisé, le second rétroviseur extérieur, le système de réglage électrique des sièges, le système de désembuage de la vitre arrière, les gicleurs de pare-brise à haute pression, ainsi qu’une importe couche d’insonorisants sont retirés. Cela permet d’économiser 120 kilogrammes (100 selon d’autres sources), portant le poids de l’auto à 1450 kilogrammes. Néanmoins, rien ne vous empêche d’opter pour un toit ouvrant panoramique, un intérieur entièrement habillé de cuir, et les places arrière ne sont pas supprimées.

A la lecture de ces lignes, on ne peut que partager l’opinion des journalistes qui l’essayèrent en leur temps: le constructeur fut bien en peine de positionner son navire amiral, entre grande GT avaleuse de kilomètres, ce que souhaitait le département marketing, et une auto nettement plus sportive, car les ingénieurs ne souhaitaient en aucun cas entendre parler d’une pâle copie de Mercedes SL. Nous savons qui eut le dernier mot… De fait, les journalistes eurent bien du mal à percevoir la véritable cible, et donc la nécessité de la 928 S4 Clubsport, guère plus performante en ligne droite, et ne révélant ses qualités dynamiques qu’à rythme soutenu.

Les clients partagèrent cet avis, puisque la 928 S4 Clubsport ne fut commercialisée que durant deux années. Grâce à Samuel, du club Porsche 928 de France, je suis en mesure de vous communiquer les ventes de chaque année:
- 1988: 12 exemplaires de série
- 1989: 7 exemplaires de série
Si l’on tient compte des 7 prototypes construits en 1987, cela porte le total à 26 autos. Seulement 26 exemplaires d’une auto qui ne trouvera jamais sa clientèle. Tout venant à point à qui sait attendre, la 928 Clubsport bénéficie aujourd’hui d’un réel intérêt historique, d’autant plus en ce qui concerne les 4 prototypes destinés aux pilotes. J’en veux pour preuve la cote de la Clubsport. Facturées sensiblement au même prix lors de leur sortie, il est aujourd’hui inenvisageable d’acquérir une 928 S4 Clubsport au même prix qu’une S4 normale (comptez 30 000€ pour un exemplaire en très bel état). Le prototype ayant appartenu à Hans Stück est en effet à vendre pour la modique somme de 92 000€. Un tarif élevé, mais somme toutes justifié, eu égard à l’incroyable intérêt historique de cette Clubsport…